- aumôner
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⇒AUMÔNER, verbe trans.DR. ANC. [Le suj. désigne une pers.] Payer une amende destinée aux pauvres ou à un établissement charitable, en raison d'une condamnation judiciaire :• 1. Par arrêt du 3 août 1701 le parlement condamna le sieur Beausergent et la dame Jolivet, convaincus de voie de fait envers la dame de Liancourt, à aumôner chacun 100 livres au pain des prisonniers.ST-EDME t. 2, 1825, s.v. aumône.Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle.— Emploi abs. On ne condamne plus à aumôner (Ac. 1835 et 1878).— Au passif. [Le suj. désigne une pers.] Être aumôné. Être condamné par la justice à payer une aumône.Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle.— P. ext., vieilli♦ [Le suj. et l'obj. désignent une pers. ou une collectivité] Accorder une aide ou une simple faveur matérielle ou morale :• 2. ... au lieu de lui faire une pension, elle l'avait aumôné d'une misérable somme d'argent que le prince n'aurait pas dû accepter...E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1890, p. 1233.♦ [L'obj. désigne l'aumône] :• 3. Hingant, conseiller au parlement de Bretagne, s'était refusé à recevoir le traitement que le gouvernement anglais accordait aux magistrats français, de même que je n'avais pas voulu accepter le schelling aumôné par jour aux émigrés...CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 444.— Littéraire :• 4. Princesse apanagée du jour, descend, et les pieds nus, les gradins verts du ciel pour aumôner l'enfance au front bouclé des eaux.SAINT-JOHN PERSE, Amers, p. 130 (Rheims 1969).PRONONC. ET ORTH. — Dernière transcr. ds DG : ó-mó-né. Tous les dict. hist. précédents notent [o] fermé à la 1re et à la 2e syll. du mot. Cf. aumône. FÉR. 1768 écrit aumoner sans accent circonflexe sur le o pour souligner que cet [o] est bref. — Aumoné. Seule transcr. ds LITTRÉ : ô-mô-né, fém. -née. Enregistré sans accent circonflexe ds Ac. Compl. 1842.ÉTYMOL. ET HIST. — 1133 « donner en aumône, céder à titre gratuit » (Test. conjonct. de Renaud, Tailliar ds GDF. : Et ke no poieons raekater nos fourfet en eumonant as eglises de Dius et as povres [Dans les Preuves de l'H. de Cambrai, II, 18, on a écrit enmonant]), rarement attesté après le XVIe s. comme terme général; 1680 dr. « payer une somme aux pauvres en vertu d'une condamnation judiciaire » (RICH. : Il a été condamné à aumôner au pain des prisonniers), qualifié de ,,terme de pratique ancienne`` dep. Ac. 1835.Dér. de aumône; dés. -er.STAT. — Fréq. abs. littér. :7.BBG. — PAMART (P.). Mots de Chateaubriand. Vie Lang. 1969, p. 571. — RHEIMS 1969.aumôner [omone] v. tr.ÉTYM. 1133, eumoner; de aumône.❖1 Vx. Donner une aumône à (qqn). || Aumôner les pauvres.2 Littér. et rare. || Aumôner qqn de qqch., lui donner comme une aumône (de manière méprisante, insuffisante…). || « Elle l'avait aumôné d'une misérable somme d'argent… » (Goncourt, in T. L. F.).3 Vx. Donner en aumône (qqch.). || « Le schelling aumôné par jour aux émigrés » (Chateaubriand, in T. L. F.).
Encyclopédie Universelle. 2012.